Ces mots qui ne se prononcent pas de la même façon d’un bout à l’autre de la France

C’est bientôt le début des grandes vacances pour la plupart d’entre nous. Si vous avez la chance de partir (loin) de chez vous, il est fort probable que vous vous retrouviez en face de francophones qui ne prononcent pas tout à fait certains mots de la même façon que vous… Ne vous étonnez pas donc si on vous regarde comme une bête curieuse quand vous ouvrirez la bouche !

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Dans ce nouveau billet, nous vous proposons une dizaine de cartes qui vous aideront si vous souhaitez adapter votre prononciation pour parler de la même façon que les locaux. NB : la Suisse et la Belgique ne sont pas représentées sur ces cartes (nous leur consacrerons un billet à part entière).

Les cartes de ce billet ont été réalisées à partir des résultats d’enquêtes conduites sur le web, auxquelles près d’une dizaine de milliers d’internautes ont pris part. Si vous voulez contribuer aux enquêtes (c’est anonyme, gratuit et ça prend moins de 10 minutes – faites entendre votre voix ! Plus les participants sont nombreux et dispersés sur le territoire, plus nos cartes seront fiables), cliquez ici.

Persil

Selon votre usage, le mot persil rime-t-il avec le mot cil ? En d’autres termes, prononcez-vous le mot persil en faisant entendre la consonne -l finale ? La plupart des dictionnaires de grande consultation (v. notamment le Petit Robert), ne signalent que la prononciation sans consonne finale (le TLFi est, comme d’habitude, plus sensible à la variation ; il signale les deux prononciations, sans les localiser).

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La carte ci-dessous montre pourtant que la prononciation du -l est majoritaire sur l’ensemble de l’Hexagone (voir les zones en fuchsia), la non-prononciation de cette consonne (zone en vert) ne s’étale que sur quelques département du centre de l’Hexagone :

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Figure 1. Aire de (non-)prononciation de la consonne finale du mot persil, d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Le saviez-vous ? Il existe un grand flottement dans la prononciation des consonnes finales de mots qui se terminent par la séquence -il. En France comme en Suisse, sourcil rime avec cil ; alors qu’en Belgique, on ne prononce pas la consonne finale de ce mot (v. la carte ici). Jusqu’au siècle dernier, il était courant de ne pas prononcer la consonne finale de mots comme nombril, baril, gril – habitude que l’on a conservée pour des mots comme outil ou fusil. Les Québécois sont de ce point de vue plus cohérents que les Européens. Outre-Atlantique, la non-prononciation du -l final dans les mots comme persil, sourcil, nombril ou baril est la règle !

Cent euros

Comme pour le mot vingt (du moins selon une majorité de francophones de France, v. figure 5 ci-dessous), on ne prononce pas la consonne finale du mot cent quand ledit mot est suivi d’une pause. Quand cent est suivi du mot euro, c’est une autre affaire.

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Dans l’une de nos enquêtes, nous avions posé la question suivante :

« Cette image présente un billet de 100 €. Comment prononcez-vous ces deux mots ensemble ? ». Trois possibilités étaient offertes aux participants (qui avaient le choix de sélectionner plusieurs réponses) :

  • cen_euros (sans liaison entre les deux mots) ;
  • cenT_euros (vous faites la liaison avec -t-) ;
  • cenZ_euros (vous faites la liaison avec -z-).

La carte ci-dessous indique l’aire des participants ayant revendiqué faire la liaison entre cent et euros au moyen de la consonne -t- :

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Figure 2. Aire de (non-)prononciation de la consonne de liaison -t- entre les mots cent et euros dans l’expression « cent euros », d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Les participants qui font la liaison entre cent et euros au moyen de la consonne -t- sont originaires de la partie septentrionale de l’Hexagone, à l’exclusion de la Bretagne et de l’Alsace-Lorraine. Est-ce que cela veut dire que les participants vivant dans la zone orangée parlent plus correctement que les autres ? Nous ne le pensons pas. Dans ce contexte, la liaison entre cent et euros n’est pas obligatoire : de fait, on n’enfreint aucune règle si on ne réalise pas la liaison entre cent et euros !

Encens

Les dictionnaires de référence signalent qu’on ne prononce pas le -s final du mot encens. La prononciation de cette consonne est pourtant répertoriée dans certains ouvrages plus spécialisés (v. TLFi). D’après notre carte, la prononciation du -s final du mot encens est plutôt caractéristique du français du Sud-Ouest :

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Figure 3. Aire de (non-)prononciation de la consonne finale du mot encens, d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Dans un billet relatif aux régionalismes du Grand (Sud-)Ouest (pour le consulter, c’est par ici), on vous parlait de déjà de la prononciation facultative du -s final dans le mot encens (et on vous disait que cette prononciation se retrouvait également en Suisse romande). Dans ce billet, on vous parlait aussi de la prononciation du -s final du mot moins, que l’on reprend ici sous une forme stylisée :

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Figure 4. Aire de (non-)prononciation de la consonne finale du mot moins, d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Vingt

Dans les Vosges comme en Alsace et en Lorraine, le nom du nombre 20 ne rime jamais avec le mot qui désigne la boisson alcoolisée que l’on produit à partir de raisin fermenté, à savoir le vin. Dans le Nord-Est de la France (comme c’est le cas en Suisse romande et en Belgique, v. la carte ici), on fait entendre le -t final du mot vingt quand on le prononce devant une pause !

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Figure 5. Aire de (non-)prononciation de la consonne finale du mot vingt, d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Ni le TLFi ni les dictionnaires de grande consultation ne signalent cette prononciation. On la retrouve toutefois dans le Wiktionnaire.

La prononciation de la consonne finale du mot vingt est un marqueur fort de l’identité des francophones du grand Est. On retrouve par exemple ce trait de prononciation mis en avant sur des articles destinés à promouvoir l’identité lorraine :

A gauche, carte postale « Diplôme du vrai Lorrain » (source) ; à droite, t-shirt « Je suis Lorrain, je dis pas vingt, je dis vinte » (source)

Passons à présent au timbre des voyelles. De nombreux francophones ne font pas la distinction, quand ils parlent, entre des mots comme brun et brin, saute et sotte ou piquet et piqué. En d’autres termes, les mots de chacune de ces paires riment : le timbre de leur voyelle est identique.

Brun se prononce différemment de brin

En français, de nombreux traités de prononciation signalent que le mot brin (qui désigne une pousse de graine) se prononce différemment du mot brun (qui désigne une couleur similaire au marron). Sur le plan articulatoire, la différence tient à la position des lèvres, essentiellement : la voyelle de brun est prononcée avec les lèvres plus étirées que la voyelle de brin.

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En 1941, André Martinet, alors prisonnier dans un camp en Allemagne, propose à ses codétenus de répondre à une série de questions quant à leurs habitudes de prononciation en français (45 questions, 409 répondants). Les résultats de cette enquête, qui seront publiés en 1945, livreront un témoignage sans équivalent jusqu’alors. La carte ci-dessous a été générée à partir de la question « Prononcez-vous de façon identique brun et brin ? », dont l’analyse détaillée figure aux pages 148-150 de l’ouvrage de Martinet :

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Figure 5. Pourcentage de participants à l’enquête d’A. Martinet ayant affirmé faire l’opposition, à l’oral, entre les mots brin et brun. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Comme on peut le voir, l’opposition entre les voyelles de brin et de brun était connue de bon nombre de francophones en 1940. Le foyer de disparition semble avoir été Paris et sa région (bien que les deux mots ne semblaient déjà plus s’opposer en Bretagne). Qu’en est-il, près de 80 ans plus tard ? On peut voir sur la carte ci-dessous, générée à partir des données de nos enquêtes, que la perte de l’opposition a largement conquis la partie septentrionale de la l’Hexagone, mais qu’elle s’est bien maintenue dans la partie méridionale :

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Figure 6. Aire de (non-)opposition entre les voyelles de brun et de brin, d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Saute se prononce différemment de sotte

Les ouvrages de référence vous diront que des mots comme saute et sotte se prononcent de façon différente. Le mot saute se prononce avec une voyelle fermée (comme dans les mots « dos » ou « beau »), alors que le mot sotte se prononce avec une syllabe ouverte (comme dans « dort » ou « porte »).

NB : la règle s’applique aussi aux paires de mots haute/hotte, paume/pomme, côte/cotte, môle/molle, etc.

Ces dictionnaires n’ont sûrement pas été écrits par des Méridionaux, car comme le montre la carte ci-dessous, il n’y a pas de différence, dans le français du Midi, entre des mots comme saute et sotte. Les deux sont prononcés avec un o ouvert (avec la voyelle du mot « dort ») :

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Figure 7. Aire de (non-)opposition entre les voyelles de saute et de sotte, d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Pour vérifier cette répartition, on a présenté le stimulus sonore ci-dessous à un autre panel de participants. Après écoute du stimulus, les participants devaient dire laquelle des deux prononciations entendues correspondaient à leur propre prononciation du mot « rose » :


La carte obtenue à la suite de l’analyse des résultats confirme ce que la première carte a permis de mettre au jour :

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Figure 8. Aire de la prononciation de la voyelle finale du mot rose, [o] vs [ɔ] , d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Piquet se prononce différemment de piqué

Les puristes recommandent une prononciation ouverte de la voyelle finale de mots comme piquet ou piquait (comme dans la voyelle du mot « mère »), une prononciation fermée de la voyelle finale d’un mot comme piqué (comme les voyelles du mot « été »). Aujourd’hui, la voyelle ouverte tend à disparaître au profit de la voyelle fermée, ce qui se traduit par une prononciation fermée des voyelles finales des mots piquet et piquait (mais aussi de mots comme poulet, lait, jouet, etc.). D’où des confusions orthographiques du type :

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Source : Bescherelle ta mère.

On a longtemps pensé que cette particularité de prononciation était typique du Midi de la France. La carte ci-dessous montre que l’absence de différence, sur le plan de la prononciation, entre des mots comme piquet et piqué, est en fait beaucoup plus étendue :

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Figure 9. Aire de (non-)opposition entre les voyelles de piquet et de piqué, d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Comme précédemment, nous avons souhaité vérifier cette répartition. A cette fin, nous avons présenté le stimulus sonore ci-dessous à un autre panel de participants. Après écoute du stimulus, les participants devaient dire laquelle des deux prononciations entendues correspondaient à leur propre prononciation du mot « poulet » :


De nouveau, la carte obtenue à la suite de l’analyse des résultats confirme ce que la première carte a permis de mettre au jour :

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Figure 10. Aire de la prononciation de la voyelle finale du mot poulet, [e] vs [ɛ] , d’après l’enquête Français de nos régions. Les frontières en traits blancs fins signalent les limites de départements.

Le reste de la France se laissera-t-il conquérir par la perte de l’opposition entre é et è ? Seul l’avenir nous le dira… En attendant, on vous laisse vous divertir en lisant les commentaires sur ce forum, portant sur la prononciation du mot « lait »…

Le mot de la fin

Certains mots peuvent être prononcés de deux façons, et aucune des variantes en circulation n’est meilleure ou plus correcte que l’autre (contrairement ce que nous enseignent les dictionnaires et les ouvrages normatifs). Ces variantes font partie de la langue, et sont liées à l’identité des francophones : à vous d’en jouer pour essayer de vous fondre dans la masse, ou au contraire pour revendiquer votre origine régionale !

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A propos Mathieu Avanzi

Mathieu Avanzi est linguiste. Il a défendu une thèse portant sur l'intonation du français en 2011, et effectué plusieurs séjours postdoctoraux en Belgique (Louvain-la-Neuve), en France (Paris), au Royaume-Uni (Cambridge) et en Suisse (Berne, Genève, Neuchâtel et Zurich). Après avoir été maître de conférences à Sorbonne Université (Paris IV) au sein de la chaire Francophonie et variété des français, il a été nommé professeur ordinaire à l'université de Neuchâtel, où il dirige le Centre de dialectologie et d'étude du français régional. Ses travaux portent sur la géographie linguistique du français, sujet auquel il a consacré plusieurs articles et ouvrages.

98 réponses

  1. Didier Garguilo

    Passionnant ! Mais concernant l’outremer, dommage que vos enquêtes ne prennent en compte que les Antilles… je suis réunionnais et j’aurais aimé pouvoir participer…

  2. flechouille

    Je suis normande mais je vis dans le sud est, et je dis dans l’ordre : perciL, cen_euros, encen, moin, vin, brin=brun, saute=/=sotte, rose [o], piquet=piqué et poulet [ɛ]. ^^

  3. Jean

    Pour la liaison entre cent et euros, vous affirmez: « Dans ce contexte, la liaison entre cent et euros n’est pas obligatoire : de fait, on n’enfreint aucune règle si on ne réalise pas la liaison entre cent et euros ! »
    D’où tenez-vous cela? Il n’y a aucune raison de ne pas faire la liaison justement. Cela fait partie de ces liaisons déterminant + substantif « généralement considérées comme obligatoires », selon Grevisse. Il ne vous viendrait pas à l’esprit de dire « cen – enfants » ou « vin – abeilles », mais justement « cenT-enfants » et « vingT-abeilles ».
    On fera seulement une exception par exemple pour « 3, avenue Leclerc », qu’on prononcera « troi – avenue » en non pas « troiZ-avenue », puisqu’il n’est pas question de trois avenues mais du numéro trois de cette rue.
    Donc: corrigeons systématiquement cette horrible prononciation de « cen-euros » ou « vin-euros »!

    1. angela

      Je viens du Sud et je prononce  » cen – euros » mais également « cen – enfants » et « vin – abeille »… Aucune prononciation n’est horrible, les oreilles sont uniquement habituées à l’une plutôt qu’à l’autre 😉

      1. Jean

        Angela, je n’ai rien contre les gens du Sud, loin de là, mais il est question ici de la prononciation standard. Chaque région a ses spécificités, et le Sud est connu pour ne pas vraiment être « standard » sur ce point. Dans l’exemple cité, la langue standard fait la liaison, c’est tout 🙂

      2. Jean

        Annbaker, c’est tout à fait possible, et libre à vous. Personnellement je dirais que votre prononciation est fautive, mais je vais me faire incendier par bon nombre d’internautes plus tolérants que moi, donc j’adoucirais en prétendant qu’elle ne correspond pas à la norme 🙂

  4. Ces cartes semblent bien trop homogènes pour correspondre à la mosaïque de la réalité ! quel est le pourcentage de réponses écartées pour obtenir de telles cartes ? Les gens sont très mobiles de nos jours; il y en a plein qui mettent un point d’honneur à ne pas adopter les traits régionaux de la région où ils ont vécu « la plus grande partie de leur jeunesse », et d’autres qui mettent un point d’honneur à en adopter alors qu’ils vivent depuis à peine une année dans la région. Comment se fait-il qu’on ne voit pas cette hétérogénéité dans vos cartes, quelle est la méthode utilisée pour « nettoyer » ?

    1. Nagual

      Comme la réponse ne vous saute pas aux yeux, obtenir une carte réellement détaillée demanderait un travail titanesque, que cela soit de la récolte des questionnaires ou bien le travail d’infographie.
      Ici ces cartes indiquent juste et d’une manière approximative la position majoritaire et c’est déjà pas si mal, puisque le propos n’est pas de faire une liste exhaustive mais de montrer que la prononciation de la langue française est hétérogène, avec des tropes régionaux.

      1. Je ne sais pas si vous avez participé à la création de ces cartes, mais si c’est le cas pouvez-vous expliquer pourquoi aucune carte sur la prononciation ne fournit le code-couleur par tranches de pourcentages de réponses, alors que toutes les cartes sur le lexique affichent les codes-couleur par tranches? Je ne comprends pas de quel travail titanesque vous parlez, moi je parlais surtout du traitement graphique des réponses reçues à travers le questionnaire de ce site, qui devraient refléter une très grande hétérogénéité, et l’hétérogénéité des réponses me semble avoir été nettoyée par des choix infographiques non précisés.

    2. Bonjour ! merci pour votre commentaire. En fait, les données ont été transformées (elles ne présentaient pas une distribution normale). je n’ai pas voulu mettre une échelle avec des logarithmes dessus. cela dit, vous avez accès aux poucentages pour « moins » et « encens » ici : https://francaisdenosregions.com/2017/02/06/les-regionalismes-du-grand-sud-ouest-vol-2/ ; pour « vingt » c’est par là : https://francaisdenosregions.com/2016/08/31/1010-vin-ou-vingt/, pour brun c’est en bas de ce billet : https://francaisdenosregions.com/2016/12/18/2051/

  5. Merci pour cet article, je sais désormais d’où je prends ma prononciation de certains mots soit du Poitou d’où je suis originaire soit de Paris ou je suis nee et je vis soit des deux lorsqu’il n’existe aucune différence

  6. BERGER

    Pour ce qui est de la prononciation de cen-euros au lieu de cenT-euros, je pense que cela vient aussi du fait que certains ont toujours en mémoire le franc avec lequel aucune liaison n’était possible. Idem pour troi-euros ou vin-euros, etc. Personne ne dira je pense « j’ai vin-ans » ou « il a troi-ans »…

  7. Pochel

    C’est vraiment passionnant, félicitation pour ces études et le travail fourni !

    Ferez-vous aussi une carte sur la prononciation des divers e caducs du français ?
    Je connais des gens qui vont d’main à G’nève ach’ter des c’rises au s’cours populaires, et d’autres qui utilisent des enveuhloppes et des cafeuhtières dans des aveuhnues…

    Autre suggestion ; les consonnes doubles. Qui dit col-lègue et Hol-lande, qui dit pa-rapport et cinquan-tables ?

    Et encore bravo !

  8. Salut ! Ici, un Montréalais québécois ou vice versa. Une question : d’où peut bien venir, chez mes potes français, cette (pour le moins étrange) habitude de prononcer le son final ‹ K › du prénom masculin Marc, mais de l’omettre (et plutôt joyeusement) quand il s’agit de la fameusissime (si on veut bien m’autoriser l’adjectif) place vénitienne ? Merci ! Jacques

    1. Grégory Lambert

      Je n’ai jamais trouvé de réponse claire ; il y a une tentative d’explication sur Wikipedia. A noter que le nom commun marc (de café ou d’eau de vie) se prononce « mar » alors que le prénom se prononce toujours Mark sauf dans l’unique cas de la place de Venise…

      1. PotatoWill

        Probablement une histoire d’étymologie. Je pense que le prénom provient d’une origine germanique (comme le Deutschmarck) alors que le marc de café serait plutôt latin.

  9. Marie Carrié

    Avez-vous travaillé sur la prononciation du mot « os » ? prononcé ici ôs au singulier comme au pluriel et là plutôt  » os » avec un O bien ouvert au singulier et des « ô » sans prononcer le s au pluriel . Apparemment on fait bien la différence entre le nord ouest et le nord est de la France. Avez – vous également des infos sur le mot appareil/migaine, préparation culinaire connue de tous mais porteuse d’un nom bien obscur pour quiconque déménage d’un bout à l’autre de la France?!

  10. Phil Gaillard

    Bonjour, j’ai remarqué certaines différences dans la prononciation du mot « vendredi ». Certains le prononcent « ven’redi » d’autres « ventredi » et d’autres simplement « vendredi » , est-ce liè à certaines régions ? Avez-vous des études là dessus ?

  11. albar

    Et combien ne font pas de différence entre « ferai » et « ferait » ? J’ai été élevé entre les Ardennes et la Lorraine et ai toujours fait cette différence.

  12. Kerboubou

    Très intéressant cet article !

    Un petit détail par contre : il me semble que c’est la voyelle de brun qui est arrondie et celle de brin qui est étirée 🙂

      1. Jean

        Non, le « l » final de persil est toujours muet. Robert ne donne que cette prononciation, les différents dictionnaires des difficultés aussi. L’Académie précise qu’on ne prononce pas le « l », pas plus qu’on ne le prononce dans des mots comme fusil, gentil, outil, nombril ou sourcil (même si beaucoup de gens prononcent le « l » dans ces deux derniers exemples). Au XIXe siècle aussi, le « l » était muet, comme l’atteste Littré.

  13. Ben Wocker

    Cet article est très intéressant. Pourriez-vous me dire, avec quel programme vous avez fait les cartes? celles-ci illustrent très bien ce qui est décrit.

  14. Ophélie

    Mais c’est quoi encore cette fausse polémique. Chaque mot a une orthographe et une prononciation que l’on apprend normalement en même temps….en général à l’école primaire…Chaque définition du dictionnaire est accompagnée de la prononciation en phonétique. Il n’y a pas des règles différentes selon où on habite ! Même à Marseille ou Toulouse l’instituteur n’a jamais appris à dire praujé au lieu de projet ou maillot « jeune » au lieu de jaune. En ce moment,les 3/4 des journalistes parlent à l’envers…M.Haullonde (Hollande), des praujés ( projets), la fauré (forêt)… il est où le bauneur…par contre en entend le Rhone et la Sone au lieu du Rhône et la Saône. C’est un mépris total envers le public,et de faire plus ou moins exprès de mal prononcer pour se distinguer, et à toutes les autorités audiovisuelles de ne jamais faire corriger ces fautes. On se demande ce que l’on apprend dans les écoles de journalistes ! Cela n’est même pas digne du niveau du certificat d’études …

    1. Joseph

      Dans toute langue il y a des variations régionales. Si, les instituteurs de Toulouse ont appris à dire projet et pas « projè » (vous voyez, ça marche dans les deux sens). A la fois à l’école et par leur entourage. Vous pouvez essayer de leur imposer votre accent (oui c’est un accent comme un autre, pas une référence), ça ne sert pas à grand chose.

      En matière de langue, c’est l’usage qui fait la norme, et pas le contraire. On pourrait en débattre mais bon, toute façon, y a pas de référence juridique sur la prononciation en France et heureusement. (et svp me parlez pas des vieux croûtons de l’Académie ^^)

  15. Denise

       Les différences de prononciations régionales sont évidemment parfaitement légitimes. On n’en dira pas autant des prononciations imposées par l’ignorance de nos élites, au point d’être désormais admises par les dictionnaires. Il y a des médecins qui prononcent « EUdème », un ancien premier ministre qui prononce « prégnant » comme « gagnant » et des universitaires qui prononcent pareillement « cognitif », un autre ancien premier ministre qui prononce « mANtor », etc. Bien sûr, ces prononciations, qui étaient encore fautives il y a quelques décennies à peine, sont désormais systématiquement adoptées par l’ensemble des journalistes de radio et de télé et, par leur intermédiaire, s’imposent à tous.

    1. Jean

      Ce ne sont pas les journalistes qui décident du caractère fautif ou non d’une prononciation… S’ils disent tous « après que le président soit sorti », ce n’est pas pour autant que la faute sera effacée…

  16. […] Les enquêtes Français de nos régions ont pour but de cartographier la variation du français que l’on parle en Europe, dans les Antilles et en Amérique du Nord. Depuis leur lancement il y a deux ans et demi, ces enquêtes nous ont permis de mettre le doigt sur des phénomènes que personne n’avait cartographiés jusqu’alors, phénomènes qui font souvent l’objet de « guerres » sur les réseaux sociaux (pour les dénominations du crayon à papier, vous pouvez (re)lire notre billet ici ; sur les variantes de prononciation, c’est par là). […]

  17. Guillaume

    En Moselle, le L final dans « persil » est légèrement « mouillé » (c’est également le cas pour « gentil » ou « fusil »), c’est-à-dire un peu moins prononcé que dans « anguille », « gentille » ou « vanille ». Il s’agit d’une troisième prononciation non répertoriée sur cette carte.

  18. je suis du Nord (Flandre Française) et bien sur je prononce 20 = Vintte
    Certains français me reprennent en disant Vin; ok mais je leur demande comment ils prononcent 22, 23, 34, 25 etc… et là c’est amusant car le vintte revient bien souvent: 22 = vintte-deux , vintte-trois et non Vin-deux, Vin-trois.
    mais dans le sud j’entends le Vin qui revient avec Vin-neuf. A quand la carte des 22, 23 et 29 ?

  19. laurent stachowicz

    Bonjour, j’aurais voulu savoir pourquoi le mot quartile se prononce « kwartil » et pourquoi le mot quadrille se prononce « kadrille » (je ne suis pas sur de la phonétique). La racine du mot est pourtant bien la même ?

    1. andrethibault3

      Bonjour! Après vérification dans le Trésor de la langue française en ligne (http://atilf.atilf.fr/), il s’avère que les deux prononciations existent. Cela dit, le Grand Robert 1985 signale que la prononciation « kar- » est évitée par suite de l’homonymie avec « cartilage » (ce qui est un peu bizarre, car « quartile » et « quartilage » ne sont pas du tout des homonymes…). Il s’agit de toute façon d’un mot savant dont la prononciation est tout à fait arbitraire, il ne faut pas y chercher une quelconque logique. 😉

  20. Pour moi « piquet » et « piqué » sont identiques (tout comme « je serai » et « je serais ») et j’ai grandi en région parisienne, j’ai été surpris par cette carte qui indique que ma prononciation est minoritaire alors que je n’ai remarqué que les gens distinguent ces mots. Mes parents sont aussi tous les deux issus de la zone marron.

  21. Frakemus

    Jusqu’à la lecture de cet article, je pensais que celui qui prononçait le L de persil était soit un méridional soit un beauf ou un inculte.

    Ce qui m’intéresserait, ce serait de connaître les explications de l’évolution des prononciations puisque les cartes de répartition semblent évoluer avec le temps. je ne suis pas certain que ces différences ne soient que géographiques. Je vois tout un tas de pistes, en vrac :

    – Rôles de la télé et de la radio dans l’uniformisation ou l’évolution des prononciations (je pense par exemple à l’influence des commentateurs sportifs dans l’augmentation de la prononciation du X dans Auxerre – moi on m’appris à dire AuSSerre , BruSSelles et MeSSe)
    – Différences sociologiques
    – Rejet ou méconnaissance de l’usage, du « comme il faut », de ce qui pourrait montrer une culture étendue.

    Je crains malgré tout que la fin de la prononciation en « i » soit inéluctable,, on n’entend déjà presque plus « nombri  » ou « sourci ». Et l’illustration du tweet en début d’article montre bien la tendance à la dictature du conformisme par la nouvelle élite médiocratique.
    Si ça continue les gens comme moi finiront au bout du fusiL …

    1. Greg

      Je ne suis pas un expert du KS et du SS mais dans Bruxelles, on prononce absolument sans aucun doute SS. Rappelons que Bruxelles est en Flandres et qu’en Flamand, ça s’écrit Brussel (écriture proche également en Allemand). Cela viendrait des copistes du Moyen Age qui mettait un X à la place de SS pour aller plus vite. Il y a d’ailleurs plein d’autres mots en Français ou le X se prononce SS: dix, soixante, etc. Historiquement, c’est bien plus tard que le X a commencé à se prononcer KS.

  22. Yves

    Je me demande encore où vous avez trouvé qu’on ne prononce pas le  »-il » de ces termes en Belgique… Au contraire, rien n’est plus agaçant que de se voir imposer cette hérésie au titre qu’en France on ne prononcerait pas cette lettre !

  23. LADANE Christian

    Je suis bien de l’avis de Jean et d’Ophélie en ce qui concerne les liaisons avec le mot « euro ». Elles sont en théorie obligatoires. Cette pratique de la suppression de la liaison avec ce mot provient certainement du simple fait que nombre de personnes ne savaient pas faire la différence de terminaison entre cent et, par exemple, deux cents, deux cent un, et ont préféré s’abstenir de faire les liaisons. Ce qui est déplorable c’est que, tant des journalistes que des hommes et femmes politiques ont repris cette pratique et l’étendent aujourd’hui à beaucoup d’autres mots. J’ai ainsi entendu « deu-enfants », trois cen-étudiants, ce qui me paraît horrible, contrairement à Angela. En effet, dans notre langue, le hiatus a, me semble-t-il, toujours été évité au maximum par des liaisons ou des ajouts, tels que le « t » de « me semble-t-il ». Angela dit-elle « me semble-il » ? « Di-elle me sembl’il » ? « Dira-on » bientôt « allon-y » ? Le journal de vin-heures ? Après vin-ans, on-a vin-é-un-ans ? Ça ne sera peut-être pas des horreurs au sens premier mais ça s’en approchera. Quelle raison valable pourra-t-on donner à un Chinois apprenant notre langue pour laquelle on prononce deuzenfants mais deu-euros ? C’est parce que les Français ne savaient pas accorder le mot « cent » aux différents pluriels ? C’est parce que « euro » commence par un « e » aspiré ? C’est parce qu’on peut tout prononcer comme on veut ? Allons ! Ça ne tient pas debout ! Ne laissons pas l’effet euro continuer sa progression et finir par massacrer l’harmonie de notre langue parlée, on ne dit pas plus di-euros qu’on ne dit di-heures !

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