Cartographie linguistique du « crayon à papier » et de ses variantes

C’est une question qui agite la toile depuis pas mal de temps (v. ce topifight, ce forum ou celui-ci), mais qui n’a toujours pas trouvé de réponse satisfaisante. Et les dictionnaires de référence, de même que les dictionnaires de régionalismes, ne sont toujours pas toujours non plus d’une très grande aide. La page Wikipedia consacrée au « crayon » résume le problème simplement :

« Il n’existe pas de terminologie officielle et les désignations peuvent varier selon les zones géographiques ou culturelles : on parle de « crayon-mine », de « crayon de mine », de « crayon à papier », de « crayon de papier », de « crayon de bois » ou « crayon gris », « crayon de plomb » ou « crayon à mine » au Québec, « crayon noir », « crayon ordinaire » ou même simplement « crayon » en Belgique » (page consultée le 25.11.2016).

Fait rare : même l’Académie signale que toutes ces variantes sont correctes (cliquez ici si vous ne nous croyez pas) !

Les cartes de ce billet ont été générées avec le logiciel R, à l’aide (entre autres) des packages ggplot2 et raster. Vous pouvez également nous aider en répondant à quelques questions quant à vos usages des régionalismes ! Il suffit simplement de cliquer ici, et de se laisser guider. Les enquêtes peuvent être réalisées de façon anonyme depuis son smartphone, son ordinateur ou sa tablette. Il vous faudra compter 15 minutes environ pour en venir à bout.

Pour tenter d’y voir plus clair, nous avions demandé aux internautes, dans l’une de nos premières enquêtes sur les mots et les phrases du français de nos régions , comment ils nommaient « le bâtonnet de bois contenant une mine, dont on se sert pour écrire sur du papier ». Et on leur présentait cette image :

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Source de l’image : Wikipédia

Les répondants devaient choisir dans une liste de plusieurs réponses la variante qu’ils utiliseraient préférentiellement dans le cadre d’une conversation en famille ou entre amis. La carte ci-dessous (générée à partir des réponses de plus de 12’000 francophones d’Europe) permet de visualiser quels items ont été donnés le plus souvent pour chacun des départements de France, chacune des provinces de Belgique et chacun des cantons de Suisse romande.

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Figure 1. Les désignations du « bâtonnet de bois contenant une mine, dont on se sert pour écrire sur du papier » dans l’enquête Euro-1, en fonction des pourcentages maximaux obtenus par départements (FR), les provinces (BE) et cantons (CH).

Comme on peut le voir, la variante « crayon » est arrivée largement en tête des sondages en Belgique. En France, la situation est plus contrastée: le territoire se partage entre ceux qui disent « crayon à papier » et ceux qui disent « crayon de papier » (à noter qu’aucune variante n’est « plus correcte » que l’autre, contrairement à ce que nous dit ce site). On remarque toutefois que dans certaines zones périphériques, qui incluent les départements des Alpes du Sud-Est, une bonne partie de la Bretagne et le département de l’Ariège,  c’est la variante « crayon gris » qui a été choisie. Nos amis de l’ancienne région Nord-Pas-de-Calais, de même que les habitants d’une partie des Pays de la Loire ont plébiscité la réponse « crayon de bois ». Dans une partie de la Bretagne, la variante « crayon papier » remporte les suffrage. En Suisse romande enfin, on observe également de la variation d’un canton à l’autre: les Vaudois et les Genevois nomment « crayon gris » ce que les Fribourgeois nomment « crayon papier » et les Valaisans nomment « crayon à papier ». Les Romands de l’Arc Jurassien ont préféré la réponse « crayon de papier », à l’instar de leur voisins de France.

Comme on a pu l’apercevoir sur la carte c-dessus, les choses ne sont pas tout à fait si tranchées : de nombreuses variantes sont connues en dehors des aires que montre la carte ci-dessus. Sur la carte suivante, on peut voir p. ex. que la variante « crayon à papier » est assez répandue dans l’Europe francophone, mise à part peut-être en Belgique:

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Figure 2. Répartition et vitalité de la réponse « crayon à papier » dans l’enquête Euro-1. Chaque point représente le code postal de la localité d’enfance d’un ou de plusieurs participants, plus la couleur est foncée, plus le pourcentage de participants par département (FR), province (BE) ou canton (CH) est élevé.

La carte suivante laisse penser que la variante « crayon de papier » est moins célèbre hors de son aire maximale :

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Figure 3. Répartition et vitalité de la réponse « crayon de papier » dans l’enquête Euro-1. Chaque point représente le code postal de la localité d’enfance d’un ou de plusieurs participants, plus la couleur est foncée, plus le pourcentage de participants par département (FR), province (BE) ou canton (CH) est élevé.

La variante sans préposition, « crayon papier », est connue dans des régions tout aussi discontinues, dans le canton de Fribourg et dans les Côtes-d’Armor :

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Figure 4. Répartition et vitalité de la réponse « crayon papier » dans l’enquête Euro-1. Chaque point représente le code postal de la localité d’enfance d’un ou de plusieurs participants, plus la couleur est foncée, plus le pourcentage de participants par département (FR), province (BE) ou canton (CH) est élevé.

La forme « crayon » est quant à elle connue dans les départements de la frange Sud, mais également en Suisse romande et en Alsace :

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Figure 5. Répartition et vitalité de la réponse « crayon » dans l’enquête Euro-1. Chaque point représente le code postal de la localité d’enfance d’un ou de plusieurs participants, plus la couleur est foncée, plus le pourcentage de participants par département (FR), province (BE) ou canton (CH) est élevé.

La réponse « crayon de bois » est cantonnée dans les zones où l’on a observé les pourcentages maximaux sur la Figure 1:

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Figure 6. Répartition et vitalité de la réponse « crayon de bois » dans l’enquête Euro-1. Chaque point représente le code postal de la localité d’enfance d’un ou de plusieurs participants, plus la couleur est foncée, plus le pourcentage de participants par département (FR), province (BE) ou canton (CH) est élevé.

On voit sinon que la réponse « crayon gris » est en fait connue sur une frange sud-est plus large que celle que l’on a vue sur la figure 1, et que la variante est également connue dans les régions situées au nord de la francophonie d’Europe (notez la différence entre les départements du Nord et du Pas-de-Calais) :

crayon_gris_euro

Figure 7. Répartition et vitalité de la réponse « crayon gris » dans l’enquête Euro-1. Chaque point représente le code postal de la localité d’enfance d’un ou de plusieurs participants, plus la couleur est foncée, plus le pourcentage de participants par département (FR), province (BE) ou canton (CH) est élevé.

Enfin, les participants avaient la possibilité d’indiquer d’autres réponses dans une case « autre ». Nous avons recueilli des variantes comme « crayon noir » et « crayon ordinaire » (proposées par quelques locuteurs de Belgique), mais aussi la réponse « crayon (de/à) plomb », en usage au Québec. Sur la carte ci-dessous, nous avons cartographié la vitalité de la réponse « crayon (à/de) mine ». Sans doute l’aire et la vitalité de cette tournure auraient été plus importantes si ce choix avait été proposé aux participants.

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Figure 8. Répartition et vitalité de la réponse « crayon mine » dans l’enquête Euro-1. Chaque point représente le code postal de la localité d’enfance d’un ou de plusieurs participants, plus la couleur est foncée, plus le pourcentage de participants par département (FR), province (BE) ou canton (CH) est élevé.

NB : Les variantes « crayon noir » et « crayon ordinaire » n’ont pas été suggérées par un nombre suffisant de participants pour qu’on qu’elles fassent l’objet de cartes dédiées. Comme on peut le voir sur la carte 1 plus haut, la variante « crayon noir » est surtout attestée en Suisse, alors que la variante « crayon ordinaire » a surtout été sollicitée par des informateurs Belges.

Comment ça se dit chez vous ?

Êtes-vous d’accord avec ces cartes ? Est-ce que les représentations correspondent à vos usages ? Pour participer aux enquêtes et nous aider à en savoir plus sur la vitalité et l’aire d’extension de certains régionalismes du français, cliquez ici ! Pour être tenu au courant des prochains résultats, suivez-nous sur Facebook !

*Ce billet a été publié le 25 novembre 2016, et mis à jour le 08 mars 2017.

 

A propos Mathieu Avanzi

Mathieu Avanzi est linguiste. Il a défendu une thèse portant sur l'intonation du français en 2011, et effectué plusieurs séjours postdoctoraux en Belgique (Louvain-la-Neuve), en France (Paris), au Royaume-Uni (Cambridge) et en Suisse (Berne, Genève, Neuchâtel et Zurich). Après avoir été maître de conférences à Sorbonne Université (Paris IV) au sein de la chaire Francophonie et variété des français, il a été nommé professeur ordinaire à l'université de Neuchâtel, où il dirige le Centre de dialectologie et d'étude du français régional. Ses travaux portent sur la géographie linguistique du français, sujet auquel il a consacré plusieurs articles et ouvrages.

71 réponses

    1. Roederer

      Dans la Lorraine de mon enfance, j’ai toujours entendu  »crayon de papier » – et jamais utilisé, trouvant l’expression stupide – j’ai longtemps cherché l’expression correcte, et en définitive n’importe laquelle des autres appellations me satisfait, et je suis très heureux de de ouvrir leur répartition géographique !

  1. @chuipasla

    J’ai fait l’essentiel de ma scolarité en Charente Maritime et j’ai toujours entendu « crayon à papier ».
    Curieusement ce n’est qu’en venant vivre en Alsace que j’ai découvert le terme « crayon de bois », et jusqu’à aujourd’hui j’étais persuadé que c’était un particularisme régional, ce que semblent infirmer vos stats…

    1. Les cartes ont été générées à partir des réponses de plus de 12.000 participants, ce qui a pour conséquence de ne rendre compte que des usages les plus concentrés. Mais il est clair que de nos jours, à cause de la mobilité notamment, de plus en plus de régionalismes sont connus et utilisés en dehors de leur région d’origine. Ce qui explique votre observation !

  2. ML Varoqueaux

    J’ai grandi entre l’Aude et l’Hérault et j’ai effectivement toujours entendu et dit « crayon gris » et « crayon à papier », jusqu’à rencontrer mon Nordiste de mari qui lui dit toujours « crayon de bois ». Je n’aurais vraiment pas pensé qu’il y avait autant de régionalismes pour cet outil du quotidien, c’est encore plus complexe que le guerre chocolatine, pain au chocolat ! ^^

  3. A. L.

    Je suis un peu surpris car depuis que j’ai émigré en Belgique (région de Liège) j’entends souvent la forme « crayon de bois » (qui est me semble-t-il souvent réduite en « crayon bois »).
    Cette carte semble pourtant montrer que ce terme y est inconnu.
    Peut-être est-ce une particularité encore plus locale que la carte ne peut pas mettre en évidence ?

    1. La province de Liège constitue l’une des régions où nous avons eu le moins de participants. Cela peut expliquer l’absence, sur la carte, de réponses « crayon de bois » pour cette région.
      C’est le grand problème de ces enquêtes: nous ne pouvons capter que les emplois les plus fréquents… n’hésitez pas à faire connaître le blog autour de vous (plus on a de participants, plus fiables sont les données)

      1. A. L.

        En effet, j’ai redemandé un peu autour de moi et c’est plutôt « crayon » ou « crayon gris ».
        Personnellement j’ai toujours dit « crayon papier », sans le « à » ni le « de ».
        Apparemment maintenant à l’école on apprend « crayon graphite ».
        Tout ça pour un crayon !! 😉

    2. CHuOK

      Natif de Liège, je connais cet objet sous le sobriquet de « crayon gris » …
      Je n’ai jamais compris « crayon de papier » étant constitué de bois et de graphite.
      « crayon à papier » soutiendrait que l’on écrit spécifiquement sur du papier … trop bizarre pour moi.

      « crayon » – terme générique pour notre bon vieux crayon gris. le gris n’étant pas une couleur à proprement parlé. Il pourrait convenir aussi aux crayons noirs ou blancs
      « crayon de couleur » – tu as deviné …

  4. Katoumz

    Dingue !!!!! Je suis de Reims et effectivement j’ai toujours dis « un crayon de mine » !!!!! Et depuis que j’habite dans le Sud-Est je découvre que tout le monde appelle ça un « crayon gris » 😮 😮 😮

  5. Ligavan

    C’est vrai qu’à la pointe de la Bretagne j’ai toujours dit « crayon gris » mais depuis que je suis instit en Ille et Vilaine je m’efforce de dire « crayon à papier » pensant que la formule « crayon gris  » n’était pas correcte.

  6. fe3

    J’ai trouvé votre page grâce à l’article de Slate consacré à cette question. J’ai grandi en Indre-et-Loire mais ma famille est d’origine artésienne : nous disions « crayon de bois » (cohérent avec la carte pour le Pas-de-Calais) alors que tous mes amis d’enfance disaient « crayon de papier ». Je suis donc surpris de voir que d’après le sondage « crayon de bois » est majoritaire dans mon département d’enfance ! L’un des échantillons (celui du sondage ou celui de mes connaissances) serait-il faible et peu représentatif statistiquement ? 😉

    1. Je suis aussi de l’Indre-et-Loire (Tours Nord) et j’ai grandi dans l’expression « crayon de bois ». Il y a peut-être des particularismes plus locaux, ou une évolution dans le temps.
      Les profs nous reprenaient parfois pour nous faire dire « crayon à papier ».

  7. Jacques MIROU

    En région parisienne, dans les années cinquante et soixante, je n’ai entendu parler que de crayons, tout simplement, ou à la rigueur crayons noirs, qui s’opposaient aux stylos, à plume ou à bille.

  8. Sympa cet article, fallait y penser ^.^ Je confirme qu’étant dans le Maine et Loire j’ai TOUJOURS entendu « crayon de bois », alors que mes frères et sœurs ayant grandis au nord ouest de Paris disent bien « crayon à papier », c’est super cohérent 😉

    1. Tout dépend de votre âge. Au nord ouest de Paris, dans les années 50-60, on disait tout simplement crayon ou à la rigueur crayon noir. L’appellation « crayon à papier » a dû être introduite par des enseignants venant de province.

  9. Dans mon enfance et plus tard, à Genève, j’ai toujours appelé ça un crayon noir (et non gris qui me semble est survenu plus tard). J’ai septante ans et je parle maintenant de crayon gris, les enfants avec qui je travaille ne comprenant pas et pensent au crayon noir des crayons de couleurs.

    1. Simon

      J’ai un pe u plus d e 70ans. A l’école, dans le Canton d e Vaud, nous recevions, en 1ère primaire, une ardoise, une touche pou écrire sur l’ardoise, un crayon et une gomme. Plus tard, pour les distinguer du crayon (à mine graphite noire), nous parlions des « crayons de couleur ». Mais à mon avis, on n’a jamais parlé dans notre région de « crayon de papier ». La maîtresse avait, fixé sur son pupitre, un taille-crayon, et pas un taille-crayon-à-papier. Elle nous rappelait au besoin : « Cesse de ronger ton crayon ! ». Et jamais « … ton crayon-de-papier ! ».
      Bernard simon, Bullet

      1. En Touraine, patrie du crayon de bois, comme à Nantes parce que l’expression a suivi la Loire, on a aussi des taille-crayons, et non des taille-crayons-de-bois. Ce qui est logique, car ils servent à tailler également les crayons de couleur !

  10. Somers

    Très surpris de cette variété d’appellation pour un crayon (je suis belge) …
    Mais pour tous ceux qui ajoutent un qualificatif à crayon, que désigne un crayon sans qualificatif ? Nous utilisons « crayon de couleur » pour désigner un crayon autre que gris.

    1. Un crayon sans qualificatif est un objet qui sert à écrire. Dans certains contextes, par exemple si on nous demande de venir avec « un papier et un crayon », on va prendre un bloc et un stylo, et on aura répondu à la consigne. Si on veut que quelqu’un prenne spécifiquement un crayon de bois, il faut le préciser.

      1. J’ai 66 ans, j’ai grandi en région parisienne, et encore maintenant, si on me demande de venir avec un papier et un crayon, je viendrai avec du papier et un crayon noir (ou gris, si vous préférez), mais certainement pas avec un stylo, à bille ou à plume.

    2. Antoine Mandel

      Pour répondre à ta question, très tardivement certes, dans le nucléaire et plus particulièrement dans le cœur du réacteur d’une centrale nucléaire, il y a ce que l’on appelle des crayons. Ce sont des tubes très longs dans lesquels on insère des petits cylindres de combustible atomiques. (comme les mines en fait ) En fait le principe d’un crayon…(de papier je suis de la région parisienne) !

  11. Sylvie

    Je suis parisienne et j’ai toujours dit « crayon à papier », par opposition à « crayons de couleur ». Je découvre qu’il existe un grand nombre d’autres dénominations !

    1. Félix Bruno

      pourquoi ? les crayons de couleurs ne seraient-ils pas destinés à être utilisés sur du papier ?
      Dans ma région, Lausanne en Suisse on disait crayon noir et crayon de couleur. Mes filles utilisent maintenant le terme crayon gris. Le résultat sur le papier est cependant noir. Restons logiques ou désignons ce genre de chose de crayon anthracite.

  12. Michèle

    J’ai 60 ans et je suis provençale. Je disais « crayon gris » dans mon enfance que j’avais complètement oublié, car je ne l’ai plus entendu depuis longtemps et que j’ai retrouvé en lisant cette chronique. On est passé à « crayon » je ne sais plus quand. « Crayon à papier » s’entend mais « crayon » reste plus fréquent dans les Bouches-du-Rhône et le Var.

  13. Madeleine

    Je suis de Genève. Dans mon enfance, j’ai 68 ans, j’ai toujours parlé de crayon noir. Lorsque je suis devenue enseignante, la consigne était de parler de crayon gris aux élèves.

  14. Juniper

    A Toulouse, dans les années 60, on disait bien « crayon à papier » à l’école, mais mon papa albigeois disait parfois spontanément « crayon gris ». L’expression a peut être évolué dans le temps?

  15. C’est vraiment fascinant ces cartes ! J’ai grandi dans le Var mais je suis originaire de la Bretagne, je dis tout le temps « crayon gris » et je ne compte plus les gens surpris par cette expression, surtout quand je vivais à Toulouse !

    Une petite question : je suis aussi d’origine pied noir et les gens de ma famille de ce côté-là ont aussi des manières de parler particulières, y’a-t-il un questionnaire ou une étude sur le sujet ?

  16. Fred de Nancy

    Nivernais d’origine, j’ai fait mon école primaire essentiellement dans les années 1980.
    J’ai dit et je dis plutôt « crayon de papier » mais « crayon à papier », « crayon » et « crayon papier » ne me sont pas étrangers.
    Je perçois « crayon papier » comme une forme d’élision de crayon d’papier, avec le mot « de » régulièrement atténué dans ma prononciation.
    « Prenez votre crayon » signifiait pour moi prendre plus sûrement son crayon de papier que son stylographe.
    Je connais le terme « crayon mine » employé par mon père qui, ayant pratiqué le dessin industriel, utilisait (utilise plus rarement) aussi le seul mot « mine » pour signifier « crayon de papier ».
    Je repense également au stylo mine avant l’apparition des Criterium.
    Ma mère disait (dit plus rarement) parfois « crayon bille ».à la place de « stylo bille » pour évoquer le fameux Bic.

  17. Oxyres

    Bonjour,
    Personnellement j’enlèverais le  » n’  » dans la phrase « Comme on n’a pu l’apercevoir sur la carte c-dessus… »
    SVP, pour mon oeil qui pleure !

  18. Christian Perret

    Magnifique polémique sur les réseaux sociaux francophones… qui oublie simplement qu’un nom se construit en différence ou écart, voire opposition à la signification d’un autre nom (eu rouge, un feu vert). Ainsi là où l’on dit « crayon gris », c’est par opposition à « crayon de couleur » (comme pour « crayon noir »). Un « crayon à papier » se différencie d’un « crayon à bois » comme un « crayon de papier » d’un « crayon de menuisier » (marquant l’écart entre le dessinateur du plan et le fabriquant de l’objet) ; le « crayon de bois » ou « en bois » marque l’écart au porte-mine, en acier et le « crayon de plomb » ou « en plomb » celui à la mine graphite. De là, on peut tracer les comparatifs régionaux de l’usage comparatif des crayons, et de l’origine de certaines inventions.

  19. Djino

    Moi je vis à Bruxelles où je n’ai toujours entendu que « crayon ». Du coup, je me demande : Là où on dit crayon à papier, crayon de papier, etc, que comprend-on lorsqu’on parle de « crayon » tout court ?

    Lorsqu’il est vraiment nécessaire de préciser qu’on parle de ce type de crayon-là (ce qui me parait aussi inutile que de dire « livre de lecture » par opposition à d’autres genres de livres), il m’est déjà arrivé d’entendre « crayon graphite ». Est-ce également propre à la Belgique ?

    1. Vous avez parfaitement raison. Ayant passé mon enfance à 20 km de Paris, crayon me suffit pour comprendre de quoi il s’agit. Dans les régions où on dit crayon à papier ou d’autres appellations, je ne pense pas qu’il soit toujours nécessaire de préciser, le contexte suffit. Si je dis « à l’encre ou au crayon ? » tout le monde devrait comprendre. On se doute bien que ce n’est pas avec un crayon de couleur, un stylo à bille, un crayon de menuisier ou que sais-je encore…

    2. Madeleine

      Je suis une enseignante à la retraite de Genève.
      Lorsque je demandais à mes élèves de se servir de l’outil scripteur dont nous parlons, je précisais « crayon gris » afin que ma consigne soit claire et que personne ne se serve d’un crayon de couleur.
      Le contexte scolaire se doit d’être précis !
      Peut-être que cette habitude de dire crayon gris, à papier ou graphite vient de l’enfance….

    3. yodalejedi

      Je suis dans une région de « crayon de bois ». Nous y utilisons souvent le terme crayon comme terme généraliste pour désigner un objet servant à écrire. Ainsi, pour indiquer aux gens de prendre de quoi écrire, nous utilisons régulièrement l’expression : « Prenez un papier et un crayon », ce qui ne signifie en rien que nous leur imposons d’écrire avec un crayon fait en bois avec une mine graphique, la crayon pouvant désigner aussi bien le stylo ou le critérium que le crayon de bois.
      Inversement, je me demande, dans les régions où le terme crayon est réservé exclusivement au crayon de bois, quel terme vous utilisez pour parler de crayon (donc n’importe quel matériel servant à écrire sur une feuille) ?

  20. haro

    Aujourd’hui, j’ai fait relire un dossier par une collègue (lyonnaise) alors que je suis stéphanoise. Dans mon dossier, j ‘utilisais crayon de papier et elle n’avait jamais entendu ça, pour elle s’était crayon à papier comme pour nos élèves (de Givors) et qui étaient donc tout surpris quand je leur disais de prendre leur crayon de papier, Bref, les bizarrerie de la langue française sur un périmètre de soixante kilomètres.

  21. J’ai longtemps cru que la désignation correcte, au sens d’officielle, du crayon était « crayon de bois », tout simplement parce que c’est ce qu’on m’avait appris à l’école primaire. « Prenez vos crayons de bois », disait ainsi la maîtresse lors, notamment, des exercices de dessin ou de géométrie. C’était en quelque sorte dans mon esprit une dénomination que l’on se devait d’employer lorsqu’il était question de bien parler (dans le sens où elle apparaissait un peu plus précise que celle de crayon tout court, que l’on utilisait de façon disons un peu plus relâchée). Je connaissais évidemment la forme « crayon à papier », mais je pensais à l’époque que c’était une façon un peu bizarre, voire un peu snob, de parler — celle, en fait, sous laquelle les crayons étaient commercialisés.
    Je suis tourangeau, et ne contredis à cet égard nullement les statistiques que vous évoquez. Cela étant, je n’ai pas grandi dans un coin reculé de la Touraine profonde, mais dans la banlieue de Tours, ville dont la légende, entretenue localement, veut que c’est celle où l’on parle le français le plus pur, si tant est que ça veuille dire quelque chose.
    Ce n’est que lors de mes études que je me suis dit que « crayon de bois » devait être une forme régionale, du fait qu’une amie de fac originaire d’Alençon se disait surprise par ce curieux usage, ici, à Tours, qui lui heurtait l’oreille. J’ai même pensé, à cette lointaine et curieuse époque où il n’y avait pas internet, que cette forme était certainement spécifique à la Touraine et que la forme « officielle » était « crayon à papier ».
    Quoi qu’il en soit, j’ai continué à dire, et dis toujours, selon la situation ou l’humeur, « crayon » ou « crayon de bois ».

    1. Vald Sully

      Je suis plutôt étonné puisque chez moi on dit « ustensile à usage dessinatoire ». Jamais entendu parler du terme « crayon de bois » ou « crayon de papier ». Je me demande bien ou vous avez été élevé vous.

  22. E

    J’ai toujours entendu parler de crayon ou de crayon à papier. Pour moi, un crayon de papier est fait en papier, alors qu’un crayon à papier est fait pour écrire sur du papier. On dit du cirage à chaussures (pour les chaussures) quand on parle de la crème qu’on étale sur ses chaussures pour les cirer, le cirage de chaussure n’a pas du tout la même signification 😉

  23. GRECO

    Je suis français d’Algérie. En Algérie nous utilisions une autre variante non nommée ici qui est « crayon de cahier. » Je ne sais pas si c’était largement répandu là-bas, lié aux origines familiales, ou à un secteur géographique.

  24. Belge, 65 ans. Avant de côtoyer de nombreux francophones non belges sur les réseaux sociaux, j’ignorais qu’il existait tant de dénominations pour cet objet simple. Pour moi c’était tout simplement un crayon. Et si à l’école on voulait spécifier qu’il ne s’agissait pas de crayons destinés à colorier, il était question de crayon noir par opposition aux crayons de couleur.
    Bonne journée.

    1. J. Mirou

      Je crois que c’est une question de génération. Ayant quelques années de plus que vous, et français de la région parisienne, je n’ai connu dans mon enfance que le crayon tout court, voire le crayon noir, comme vous, lorsqu’il s’agissait de le distinguer des crayons de couleur.

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